Le pouvoir d’achat international de la roupie mauricienne
La surenchère est à l’ordre du jour. Durant les mois qui viennent, nous
sommes appelés à entendre beaucoup de discours affirmatifs et/ou
négatifs par rapport à la valeur de notre chère roupie mauricienne,
dont on sait qu’elle ne peut être utilisée qu’au sein de la République.
Hors des frontières de celle-ci, la roupie doit être échangée en une des
valeurs internationales, notamment le dollar ou l’euro, pour le
financement de nos achats de biens et de services.
Ce qui est d’importance capitale, c’est précisément le pouvoir d’achat
international de notre roupie. Quant aux discours à venir et qui
chercheront à s’appesantir sur le nombre croissant de billets de banque
dans notre portefeuille, ou le montant accru de nos rémunérations, il
faudra s’en méfier, et surtout se rappeler que c’est une grossière
erreur que de comparer la roupie d’hier à celle d’aujourd’hui, ou celle
de 2023 à celle d’il y a dix ans, par exemple.
Ce qu’il est utile et éclairant de savoir, c’est que le dollar US s’achetait,
en moyenne, à Roupies 30,7057 en 2014.
Dix ans après, en 2023, le dollar s’achetait, en moyenne à Roupies
45,0998.
Ainsi, en dix ans, la roupie a perdu, en moyenne, 46,9% de sa valeur
par rapport au dollar américain.
La chute a été graduelle, comme on peut le constater, en suivant
l’évolution suivante des indices annuels de dépréciation :
2015 : 14,3%, 2016 : 15,7%, 2017 : 12.4%, 2018 : 10,8%, 2019 : 15,9%
,2020 : 27,8% , 2021 : 35,5%, 2022 : 44,1%, et 2023 :46,9%
(Ces données proviennent de Exchange Rates.org.uk)

La tentation sera grande d’accuser la seule pandémie de cette
dégradation de la valeur de la roupie. Mais elle n’était pas encore là
entre 2015 et 2019.Nous constatons, tout de même, que jusque-là, la
roupie avait déjà perdu 15,9% de sa valeur.
La chute s’est aggravée suite aux conséquences désastreuses de la
pandémie, mais il est impérieux que nous maintenions le cap sur
une roupie solide, car la situation internationale n’est guère
encourageante, avec les conflits à Gaza et en Ukraine. Le
maintien de l’ordre dans le Canal de Suez est un facteur
important pour que notre approvisionnement échappe au recours
à l’Atlantique et au Cap de Bonne Espérance, avec tous les coûts
additionnels de fret qui en résulteraient.
En cette année qui commence, donc, mettons-nous à l’ouvrage,
développons nos ressources, et utilisons notre discernement
envers ceux qui tenteraient de nous amadouer en comparant les
roupies d’hier à celles d’aujourd’hui. On ne compare pas les
incomparables !