Les devoirs du citoyen
Les devoirs du citoyen
Nous, les Mauriciens, nous sommes particulièrement attentifs à nos droits civiques. Et c’est tout à fait dans la nature des choses. Toutefois, nous sommes moins attentifs à nos devoirs civiques, lesquels sont pourtant de la nature des obligations à observer, si nous voulons vivre ensemble et de manière civilisée. En effet, il n’est guère possible pour nous, les habitants de ce pays, de vivre en autarcie, et de donner libre cours à tous nos fantasmes, sans nous soucier des conséquences fâcheuses qu’un tel comportement peut générer à l’égard de nos concitoyens.
Il est proposé que cette réflexion sur les devoirs du citoyen soit menée à quatre niveaux :
-les relations entre les voisins.
-les comportements dans les espaces publics et sur les routes.
-la contribution au bien-être du pays.
-le souci de celui des générations à venir.
Les relations entre les voisins
C’est surtout le bruit qui peut être un élément de discorde entre des voisins : les chiens qui aboient en pleine nuit, les décibels associés à la soirée dansante organisée par le voisin, les travaux de réparation entrepris par un voisin hors des heures normales d’activités de ce genre.
Une autre occasion de discorde est celle de la gestion commune de la séparation entre deux voisins. Il faut arriver à une entente afin que cette séparation soit bien entretenue, que ce soit une haie de bambous ou de fataks ou un mur en pierres ou en fil métallique.
Il convient aussi de s’assurer que les branches des arbres proches de la limite des deux propriétés tombent bien chez soi et non chez le voisin.
Il est essentiel de poser les poubelles et jeter les détritus que la veille au soir ou le jour où les services publics vont les enlever, et non plusieurs jours en avance, comme cela se fait trop souvent. Il y a certaines rues de nos villes qui sont pénibles à voir à cause du manque de considération de certains résidents.
Bref, ne rien faire qui puisse gêner son voisin par rapport au bruit et à son environnement.
Les comportements dans les espaces publics et sur les routes
Le message sur lequel mettre l’emphase, c’est celui-ci : par définition, lorsque je suis dans un espace public, je dois respecter toute personne que je croise, tout comme elle doit, elle aussi, me respecter. Par exemple, je lui offrirai la priorité, surtout si c’est une dame. De plus, le piéton que je suis respectera les signaux lumineux, lorsque je traverse une route.
Le respect d’autrui dans l’espace public devient encore plus important et critique si je suis un motocycliste ou un automobiliste. Si je n’observe pas le code de la route, non seulement je m’expose à des accidents, avec des risques de blessures graves, sinon de décès, mais j’expose autrui aux mêmes risques que moi. De plus, le chauffeur qui survit fait face automatiquement à une charge d’homicide involontaire, et à l’obligation de verser une caution afin d’éviter les murs du confinement policier jusqu’au moment où la cour se prononcera sur sa culpabilité ou son innocence.
Une pratique désagréable qui se répand sur nos routes est celle de l’usage abusif du klaxon. En règle générale, celui-ci est à la disposition du chauffeur pour signaler sa présence en cas de cafouillage sur sa route, afin surtout d’éviter des accidents. Aujourd’hui, le klaxon est utilisé à d’autres fins, notamment pour exprimer l’énervement du chauffeur à l’égard de celui qui le précède et qu’il juge beaucoup trop lent. Cet énervement augmente d’intensité si le chauffeur du véhicule jugé trop lent a des cheveux gris !
Et que penser des chauffeurs qui ne peuvent se passer de concerts de musique et de chansons lorsqu’ils sont au volant de leur voiture ! Pas question d’écouter ces concerts en sourdine ! Je fais comme si j’étais dans mon salon ou au bar d’à côté. Tant pis pour ces concitoyens piétons qui arpentent les trottoirs du centre-ville pour se promener ou faire du shopping ! Qu’ils le veuillent ou non, ils auront à m’accompagner au concert tonitruant !
La contribution au bien-être du pays
Notre pays vit des moments difficiles, suite aux lourds méfaits du Covid, assortis, hélas, des conséquences désastreuses du conflit russo-ukrainien. Des jeunes émigrent vers des cieux qu’ils croient plus favorables, et des pères et mères de famille n’arrivent pas à équilibrer leur budget mensuel. C’est une situation inédite pour la majorité des Mauriciens, surtout pour ceux qui n’ont pas vécu la décennie soixante-dix. A cette époque-là, la situation du pays s’était dégradée considérablement : un gouvernement largement impopulaire, une économie dépendante de faibles cours mondiaux du sucre, une opposition forte et marxisante suscitant des grèves dans le port et les transports publics. La saga prit fin avec deux dévaluations de la roupie, en 1979 et en 1981, et l’appel au secours aux guichets du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale.
Le nouveau gouvernement élu en 1981 n’eut aucune peine à ramener les 28 jours de congés publics à la douzaine que nous connaissons maintenant. Les Mauriciens en avaient assez du désordre social et de l’appauvrissement économique qui s’intensifiait. La suite est bien connue, et même saluée par la communauté internationale : l’économie mauricienne a pris son envol. La population mauricienne, du plus grand au plus petit, s’était prise en charge ! Elle s’était mise au travail et redoublait d’efforts pour exploiter les ressources de notre pays.
Tel n’est pas le cas aujourd’hui, devant la dégradation de notre économie et les épreuves qui se présentent à elle. La volonté de s’en sortir se traduit trop souvent en un cri d’alarme tout à fait inapproprié : « qui gouvernement capav faire pour nous ? ». Ainsi, nous nous en remettons entièrement entre les mains de nos gouvernants et nous, les citoyens, nous nous épargnons tout effort à la relance de notre économie. Cela ressemble à de l’infantilisme. Mettons-nous à l’œuvre, avec l’aide active de nos gouvernants, bien sûr, mais les efforts et les premiers pas doivent venir de nous, les citoyens.
Notre apathie serait-elle la conséquence de la prospérité relative que nous avons connue durant ces quarante dernières années, de sorte que nous tardons à nous ressaisir devant les déséquilibres économiques résultant de la pandémie et du conflit entre la Russie et l’Ukraine ?
Le souci des générations à venir
En ce premier quart du vingt-unième siècle, il nous incombe à nous, les citoyens de la République de Maurice, de prendre conscience de nos devoirs et responsabilités, les uns envers les autres. Notre regard doit aussi prendre en compte le bien-être civique des générations à venir, celui de nos enfants et petits-enfants. Comme ce serait triste si, dans les décennies à venir, ils aient à nous adresser le reproche d’avoir failli à la tâche qui nous incombe, celle d’œuvrer au bien-être et à la bonne entente d’un peuple dont les ancêtres ont traversé les océans pour s’implanter dans une ile jusque-là inhabitée, sauf par le dodo !
Soyons donc résolus à mettre à contribution nos capacités et compétences respectives pour accomplir notre devoir citoyen. Nous le devons à chacun de nos compatriotes, ceux d’aujourd’hui, comme ceux de demain et après.
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