Quand deux papas apprennent la violence à leurs enfants
Jeudi après-midi, lors d’une attente de quelque 10 minutes près d’une plante décorative dans la cour d’une clinique, j’entends des voix camouflées : un homme qui donne des instructions à son fils pour qu’il enfile ses chaussures, probablement nouvellement achetées. Iront-ils ensemble rendre visite à un proche en clinique ?… L’opération chaussure terminée, j’entrevois l’homme qui tire avec force sur l’oreille du garçon. Il va vers sa voiture puis retourne vers son fils, un gars de quelque 10 ans qui se retrouve alors en pleins sanglots, suite à la correction reçue. Il a eu vite fait de sécher ses larmes car il pouvait s’attendre au pire, surtout que l’homme qui m’a jeté un regard noir, s’était douté que j’avais été témoin de toute la violence exercée envers son enfant.
Dimanche matin à 8.00 sur une plage publique…
Deux hommes arrivant à la plage avec 4 fillettes et un garçonnet, le plus jeune de la bande, n’ayant que quelque 6 ans, se jettent à l’eau alors que les enfants jouent sur la plage. Mais le garçon a droit à un traitement spécial et forcément plus viril. Son papa, sans un mot d’encouragement ou de tendresse, invite son enfant à se jeter à l’eau. Comme l’enfant ne s’exécute pas, il exerce son autorité, l’empoigne et le jette à l’eau. Pleurs et cris s’ensuivent. Le papa le reprend et s’avance plus loin dans la mer alors que l’enfant hurle de terreur de crainte qu’il ne se retrouve lâché en eau plus profonde. Cette session forcée d’acclimater l’enfant à la mer se fait à deux reprises avec beaucoup de cris alors qu’une attitude plus positive pour ce bain de mer aurait été un beau moment de connivence et de dialogue entre papa et son fiston. Un autre geste que j’ai pu déplorer est venu de l’autre homme qui lui a enlevé dans un geste son slip, alors qu’il se débattait dans les bras de son père, le laissant ainsi nu devant les autres enfants.
Que faire sinon déplorer des attitudes tellement négatives où l’enfant doit subir l’autorité des adultes qui ne sont même pas conscients qu’ils blessent ainsi le subconscient d’un enfant qui a encore droit à ses frayeurs. De ses parents, il apprend la violence et va, par la suite, la faire subir à d’autres.
Il y a le bon travail exercé par Pedostop ces jours-ci pour alerter sur le danger des agressions sexuelles, mais il n’y a pas que les agressions sexuelles qui démolissent l’enfant. Comment faire l’éducation des papas pour leur faire comprendre que trop d’autoritarisme ouvre la voie à la violence et que toute éducation valable doit être adaptée à l’âge de l’enfant en lui permettant d’avoir ses réactions de frayeur ? Il faut construire et non démolir : la violence finira par appeler à son tour la violence. C’est encore plus navrant quand cette école de violence provient des parents.
Monique Dinan
Publié dans Le Mauricien du 28 novembre 2014
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